En architecture et en peinture, saillir désigne le fait de déborder un mur ou de sembler sortir d'une toile. Ce verbe s'emploie aussi pour décrire un mouvement soudain de la pensée, imprévu, quelque chose qui s'impose à l'attention, et pour exprimer tout ce qui a rapport avec le jaillissement, le fait de sortir vivement.
Si je recherche dans mes formes une sorte de surgissement, d'apparaître continu, les objets que je propose tendent cependant moins à s'ajouter au monde qu'à s'en extraire, et se faisant à extraire le regard, à le tirer entre l'espace, créant à partir de leurs propres présences une faille dans le lieu, une béance active.
L'image a quelque chose de tranchant. Une photographie est une coupe : dans le temps, dans l'espace. Elle résulte d'un acte assez proche de celui qui consiste à scinder une pomme ou une pierre pour obtenir une image de leur genèse.
Le mot pièce peut désigner aussi bien un volume plein, qu'un espace vide et clos. Certains de mes objets jouent de cette même ambiguïté : leurs surfaces réfléchissantes ou absorbantes nient en partie leurs volumes en s'emparant visuellement de l'espace alentour. Chaque pièce opère un mouvement particulier dans l'espace : glisser, trancher, trouer, absorber ou encore canaliser la lumière.