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Après le séisme de 1755, la reconstruction de Lisbonne, et avec elle l’élaboration des premières normes parasismiques en Europe (le tremblement de terre étant conçu à l’époque comme une punition divine, il n’était jusqu’alors pas envisageable de s’en prémunir), fut confiée aux ingénieurs militaires. Des marches militaires auraient été organisées sur les constructions afin de mettre à l’épreuve la résistance de leurs structures et des matériaux, un dispositif précurseur et comme inversé des plateformes de simulation de séismes d’aujourd’hui. Une centaine d’années plus tard, plusieurs ponts (pont de Broughton, pont de la Basse Chaîne) se sont effondrés, le pas cadencé des militaires entrant en résonance mécanique avec les structures.

Utilisant l'architecture du Ceaac, deux lames de verre qui entouraient une plateforme de métal ont été retirées pour l'exposition de manière à la décrocher légèrement du parquet de l'étage. Un écran accroché à la rambarde de la mezzanine diffusait en continu une succession d’archives de marches militaires issues de différents régimes pendant que la plateforme vibrait au rythme des marches impulsées par contact au corps du visiteur.

Entre ce qui peut nous faire vibrer (phénomène d’entraînement et de contagion, pris par la ferveur de l’appartenance à un groupe) ou trembler (la crainte que la masse unifiée - mobilisée par la charge physique, acoustique et émotionnelle - ne réclame un ennemi commun).

« « «   » » », titre indicible et donc inaudible, dessine la propagation d'ondes par lesquelles le groupe s'auto-mobilise. La citation infinie est vidée, son contenu important moins que le sentiment d'appartenance, montant à bas (vil) bruit.

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