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Hérésie 102

Dans une structure de bibliothèques sur rails, habituellement utilisée pour les archives, des bass traps servant à absorber, étouffer les sons, dans les chambres anéchoïques, viennent prendre la place de livres absents.

Les formes noires, offensives – angulaires pour dissiper les réverbérations – prises dans les rayonnages de deux bibliothèques munies d'un système d'entraînement manuel qui se font face sur des rails peuvent évoquer les instruments de tortures d'un autre temps (et les auto da fé, locution qui signifie 'acte de foi' en portugais). Ici c'est le silence qui est écrasant.

Les bass traps se font armée dressée contre la propagation dans la population des idées jugées dangereuses par l'ordre établi. Le titre fait référence à l'hérésie 102 qui condamnait le fait d'envisager une autre cause aux tremblements de terre que celle de l'expression de la colère divine ; c'est ainsi toute la sismologie qui aurait été perçue comme hérétique, une représentation du monde remise en question après le séisme de 1755. L'une des nombreuses hérésies de l'époque, nous amène ici à poursuivre l'inventaire des empêchements à dire ou écrire les doutes et interprétations alternatives de la réalité propre à chaque époque et à penser l'enjeu de l'autorité sur la représentation du réel dans les moments de crise.

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