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Les azulejos qui couvrent les façades de Lisbonne sont un matériau imperméable et ignifuge qui ne s'est véritablement répandu sur les murs extérieurs des architectures qu'à la suite de la destruction quasi totale de la ville par la triple catastrophe (séisme, incendie et tsunami) de 1755 comme une des premières mesures prises contre les aléas dans l'approche scientifique de l'Europe des Lumières.
Les tuiles de faïence, en terre cuite et peinte dans des couleurs de flammes, sont ici placées de telle manière que les motifs se distordent, donnant l'impression d'un froissement, craquellement du mur comme celui de la croûte terrestre lors d'un séisme. Ce modèle d'azulejos que l'on retrouve aujourd'hui dans certaines rues de Lisbonne date du XIXe siècles, période à laquelle une création d'azulejos proprement portugaise s'est développée (elle était jusqu'ici majoritairement importée d'Espagne) et semi-industrialisée : les motifs répétés se répandant sur les façades de la ville, ces petites unités, carreaux de 14 sur 14 cm, donnant la mesure des murs). Si le motif initial dessine sur les façades une grille régulière, ici le pivotement sur eux-mêmes de certains de ces carreaux vient mettre en branle les coordonnées spatiales et former une onde, projetant sur le bloc d'azulejos comme un de ces diagrammes utilisés en géologie pour représenter la propagation des ondes sismiques dans le sol.