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Dédale

A Lisbonne, certains quartiers comme l’Alfama et la Mouraria, peu impactés par le tremblement de terre de 1755, témoignent de l’urbanisation labyrinthique de la ville et du dédale de ruelles que les habitants ont dû chercher à évacuer. Alors que celui de la Baixa, conçu sous Pombal pour la reconstruction de la ville, montre une des premières urbanisations d’une ville moderne dans l’Europe des Lumières, une rationalisation qui commençait à se diffuser dans les mentalités européennes permise ici par la destruction quasi totale du coeur de la ville. Si l’uniformité des bâtiments a permis d’imposer les premières normes de constructions parasismiques en Europe, cette urbanisation a été perçue par la population de l’époque comme autoritaire, soumettant le tissu social de proximité à une organisation à l’échelle de la ville, divisant les rues par corps de métiers.

Le tracé du labyrinthe est celui du Minotaure tel qu’il est représenté dans plusieurs mosaïques romaines et notamment à Conimbriga, ancien site romain proche de Lisbonne. Dans la mythologie grecque, c’est Poséidon, dieu des mers mais aussi des tremblements de terre, qui aurait envoyé le taureau avec lequel s’est accouplé la femme du roi Minos, donnant naissance au minotaure pour lequel fut construit le labyrinthe.

La coupe oblique des sections de lames de cutter forme ici la base de la représentation en perspective axonométrique dans le dessin d’architecture. Conçues pour fendre le plan, ici c’est par leur forme oblique qu’elles viennent rompre avec le dessin, avec la représentation en deux dimensions, en créant sous certains angles une illusion d’élévation, de maquette. Le labyrinthe est la scène récurrente d’affrontements à la hache, l’étymologie même des mots labyrinthe comme dédale renverraient pour l’un à la hache, pour l’autre à l’action de fendre.

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